Chereng est une commune de la Pévèle, et non du Mélantois (comme il est dit dans le site de Wikipédia). En effet, elle figure dans les enquêtes fiscales des XVe et XVIe siècles du quartier de Pévèle de la Châtellenie de Lille. Le territoire s’étend sur la rive droite de la Marque sur une superficie de 4,18 km2 à une altitude variant de 23 à 47 mètres. Elle compte plus de 3000 habitants et fait partie de la la Métropole Européenne de Lille (MEL).
Avant la Révolution Française, ce terroir était réparti en deux domaines, l’un relevant de la Cour de Tenremonde, formant un territoire franc, bénéficiant du droit d’asile, dépendant du Saint Empire Germanique. L’autre dépendait de la Châtellenie de Lille. C’est l’un des rares passages possibles au travers des marais de la Marque et le Pont, dit à Tressin, permet à la route de Lille à Tournai d’y passer. Voici ce qu’en dit l’ingénieur royal Claude Masse en 1727 : Le défaut de ce chemin est que le pavé est fort étroit, beaucoup bombé, et plus élevé que les terres à droit et à gauche, et quand deux chariots se rencontrent, ils se battent souvent à qui restera sur le pavé par celuy qui est obligé à céder est en danger de renverser. De très nombreux cabarets et un relais de poste s’étalent le long du village construit tout en longueur.
Deux seigneuries ne se réuniront qu’au XVe siècle. Montmort est connu en 1376 pour avoir un manoir seigneurial établi sur une motte entourée d’eau, des jardins, des terres labourables, des près et des bois, ce qui représente plus de 70 bonniers, surface considérable. Le siège de la seigneurie est alors probablement la Hamaide, située sur la route. Une autre seigneurie est celle de Montreul dont les terres dépendent de Tenremonde. Il en est fait mention dès le XIIIe siècle pendant lequel elle appartient à l’illustre famille de Ligne encore célèbre en Belgique. Le seigneur possède également une motte entourée d’eau, des fossés, des jardins et des bois. Il a des droits sur la rivière et ce qu’on y pêche, tout comme le péage sur le pont. C’est donc aussi une importante seigneurie qui passe ensuite aux sires de Cysoing qui ne s’en séparent qu’en fin du XVIIIe siècle. Chéreng, comme Bouvines, va connaître le passage des troupes lors des guerres sur le pont qui est l’un des passages obligés de la région. Des guerres du Moyen-Age aux conflits modernes, c’est un défilé constant de soldats et de dommages plus pou moins importants.
Eglise saint Vaast : elle appartient à l’abbaye de Cysoing de 1145 à 1789. C’est un édifice ancien, qui a connu une période de grande beauté architecturale aux XVe/XVIe siècles et conserve des vestiges de ce temps.
Fonts-baptismaux romans, en pierre de Tournai, du XIIe siècle (vers 1150).
Belle voûte avec des blochets sculptés de têtes très caractéristiques, un chemin de croix et des vitraux de 1951 et 1953 dus à un peintre breton, André Mériel-Bussy. L’édifice a été allongé en 1734 par la construction de la tour qui conserve une belle cloche décorée d’une danse macabre. Puis ont été construits de 1898 à 1903 le transept et le chœur néogothiques sur les plans de l’architecte cambraisien François Roussel.
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Monument aux morts de la guerre de 1914-1918 : situé dans le cimetière, œuvre remarquable dessinée par l’architecte Arthur Lepers, de Tourcoing, et sculptée par Edgar Boutry (1857-1938 ou 1939), prix de Rome en 1891. Ce dernier a réalisé de nombreux monuments, à Lille et Armentières, et les statues de Foch à Lille et Cassel.
Château de Montreul : On y accède par une drève qui oblique sur la route de Tournai à Lille vers la droite. Il est au milieu d’un parc dessiné de façon romantique, avec des pièces d’eau et de beaux arbres. Si des modifications ont eu lieu au cours du XIXe siècle, on reconnaît bien la bâtisse de style classique qui ressemble à de nombreuses nobles demeures du temps, dont le château de la Vigne à Bondues, attribué à Lesaffre, le célèbre architecte lillois. Sur l’un des frontons se voient encore les armoiries du bâtisseur. Quelques rares décors intérieurs ont survécu aux modes successives suivies par les propriétaires.
La seigneurie de Monstreul apparaît au XIIIe siècle sur une terre franche en appartenant à un Fastré de Ligne qui se dit seigneur du lieu en 1215 puis en 1224. A la fin du siècle la terre passe par une suite de mariages à la Maison de Cysoing : Jacques de Walincourt, puis Jean, lequel meurt à Azincourt en 1415. Yolente de Werchin, qui repose dans l’église Saint-Martin de Roubaix, est tout autant chez elle là qu’à Chéreng et à Cysoing. Pierre de Melun, fils de Yolente, a des fonctions et des charges importantes au XVIe siècle, ne serait-ce qu’en tant que généralissime des armées des Pays-Bas convoquées par Guillaume d’Orange. En 1634 c’est un descendant, Albert de Ligne, qui est possesseur de la terre de Montreul, puis Louis XIV la restitue aux Melun, princes d’Epinoy. Plus tard, Charles de Rohan-Soubise vend la terre de Montreul à un écuyer, bourgeois de Lille, en 1781 : Pierre François Albert Taverne, qui fait rebâtir la demeure en 1783 sous la forme qu’elle a encore aujourd’hui, ou presque.
Pierre Taverne décède en son château en 1831. Puis on trouve Charles-Philippe Antoine le Hardy du Marais qui fait d’importantes transformations et agrandissements. Au XXe siècle le château est possédé par une famille d’architectes roubaisiens, les Neveux. En 1974 il passe à la Fédération des organisations sociales des PTT du Nord. C’est aujourd’hui le siège de la Fédération Départementale des Chasseurs du Nord.
La Hamaïde : Il n’est pas possible d’ignorer la façade somptueuse de cette maison quand on traverse Chéreng par la route de Tournai. Elle a été inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 1er novembre 1951 et a été restaurée par ses propriétaires depuis 1969, M. et Mme Meillassoux-Pollet.
La seigneurie de Montmort échoit à la famille de la Hamaide par des successions et des mariages qui aboutissent à Jean de la Hamaide au XVe siècle. En 1694 elle passe par vente au baron de Vuorden, diplomate, écrivain, tout à la gloire de Louis XIV. Il est de coutume de dire que la maison encore existante fut le siège seigneurial avant de se muer en cabaret, puis relais de poste. Une telle façade, surchargée de décors moulurés, de mufles de lions, et d’un soleil triomphant, peut effectivement évoquer un tel passé.
Cheminée intérieure, magnifique ouvrage en pierre de Tournai avec les armoiries réparties, de gauche à droite, de Bourgogne, de France, de la Hamaide. L’héraldique permet de situer cette cheminée monumentale entre 1404 et 1428. Mais n’aurait-elle pas été amenée d’ailleurs ? Un doute subsiste.
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